FOR A FEW SHORT STORIES MORE #6
Hello les Kids ! C'est encore et toujours moi, l'agent d’entretien de la Cabane de la peur, je sais que je vous ai manqué mes immondes petits cloportes ! Si vous venez ici pour étancher votre soif de sang et de vengeance aveugle, vous êtes à la bonne adresse. L'histoire de ce soir s'intitule L'Année de l'Ouragan, elle ne manque vraiment pas d'hémoglobine !
BLAM ! BLAM ! BLAM !
Le journal local, Perfusion Today, l'avait annoncé dans son édition du premier de l'an, cette année serait celle de l'Ouragan. Sur le moment, personne n'y prêta trop d'attention, faut dire que l'article était succinct, si peu explicite qu'il ressemblait à une mauvaise blague. Du genre que le journal publiait habituellement le premier avril avec une régularité à toute épreuve. Puis, une info en chassant une autre, chacun a oublié. Cependant, un petit détail aurait dû nous interpeller tous, l'article n'était pas signé.
Hurricane Jack arriva à Perfusion le 12 mai au petit matin. Il gara son imposante Lincoln Continental Mark II blanche devant le Blind Whiskey Bar puis entra à l'intérieur. A cette heure-ci, Philibret McGarthy, dont le père était dyslexique, ne servait que du café, arrosé d'une lichette d'eau de vie, aux employés de l'usine voisine. En somme, des braves gars sans histoires qui travaillent dur pour gagner que dalle. Hurricane Jack s'installa au bar sous les regards interloqués de la faune ouvrière et de Philibret McGarthy. Il commanda une bouteille de bourbon, la meilleure que puisse lui offrir ce modeste établissement et posa un généreux billet de cent dollars sur le zinc. C'est la main tremblante que Philibret versa le premier verre. L'étrange inconnu le remercia poliment et porta le nectar alcoolisé à sa bouche. Un silence de mort s'installa dans le Blind Whiskey Bar à mesure que Hurricane Jack, les yeux rivés sur le comptoir, engloutissait le contenu de sa bouteille. Même le Jukebox avait mis la sourdine, les vieux airs de country, habituellement si percutants, n'étaient plus que des vagues murmures à peine audibles.
Une fois la bouteille entièrement vide, Hurricane Jack se tourna vers la salle et fixa intensément chaque employé de l'usine encore présent. L'alcool ne semblait avoir aucune emprise sur lui. Après un long moment de réflexion, il pointa du doigt le pauvre John Lewis. Ce dernier, que l’on disait plutôt lâche, s'enfonça dans sa banquette comme une proie tétanisée, le regard de l'inconnu était noir comme une nuit sans lune et aussi réfléchissant qu’un miroir. John Lewis pouvait y voir les reflets de sa propre peur et sa lâcheté lui ricaner au nez.
- John Robert Lewis ! S'écria Hurricane. Pour avoir battu ta femme chaque jour derrière les volets clos de ta maison sordide, pour l'avoir lentement poussé au suicide, je te condamne à mort !
Hurricane Jack pointa le canon de son revolver vers John Lewis. BLAM ! Sa cervelle gicla sur les murs et sur ses compagnons de fortune !
- Donald "Le Borgne" Krueger ! Pour avoir empoisonné le vieux Jackson Noonan afin de pouvoir racheter ses terres à bas prix, pour avoir récidivé avec la veuve Mary-Jane Willow, je te condamne à mort !
Hurricane Jack pointa le canon de son revolver vers Donald Krueger. BLAM ! La balle traversa son œil droit, le seul encore valide, avant de ressortir en explosant l’arrière de son crâne !
- Billy Bill Paterson ! Pour avoir violé la jeune Elisa Sparrow et pour avoir jeté son corps souillé et meurtri dans les eaux glaciales de la Lonesome River, je te condamne à mort !
Hurricane Jack pointa le canon de son revolver vers Billy Paterson. BLAM ! La sale gueule de ce fils de pute éclata en mille morceaux et son corps décapité s’écroula piteusement sur le sol bientôt inondé d’un épais sang vermeil !
Et ainsi de suite, un à un, Hurricane Jack interpella chaque employé de l'usine voisine, sans exception. Énumérant chaque crime avec ardeur, tel un prédicateur fou, délivrant toujours la même sentence implacable et terminale. Lorsqu'un chargeur était vide, il en saisissait un autre, infatigable. La dernière balle fut pour ce bon Philibret McGarthy. Le patron de l'usine voisine allait devoir recruter en masse dans les prochains jours. A moins que Hurricane Jack ne s'arrête également au Country Club de Perfusion pour y faire une petite partie de golf.
L'année suivante, dans une autre ville, un journal local annoncera à son tour l'Année de l'Ouragan et l'article ne sera pas signé.